Conflit & Instabilité

Près de 80 % des États fragiles d’Afrique ont connu des conflits armés au cours des 20 dernières années. Au cours des 60 dernières années, près de 60 % des conflits armés internes ont été liés aux ressources naturelles.

Ces dernières ont contribué à causer ou à financer au moins 14 conflits dans les États fragiles d’Afrique.[i]
Les revendications concurrentes sur les ressources limitées telles que la terre, les pâturages et l’eau, ont engendré des conflits localisés dans de nombreux États fragiles. De plus, un conflit dans un pays peut réduire le taux de croissance annuelle d’un pays voisin de 0,5 %.[ii] Les pays voisins peuvent être confrontés à un afflux de réfugiés, subir une perturbation du commerce, s’engager dans la course aux armements, servir de refuge aux rebelles et devenir eux-mêmes le théâtre de nouveaux conflits.

Les conflits liés à la terre et aux ressources naturelles deviennent généralement violents lorsqu’ils sont liés à des processus plus larges d’exclusion, de discrimination sociale, de marginalisation économique et aussi lorsque la possibilité d’une action pacifique n’est plus perçue comme une stratégie de changement efficace.[iii]

Situations post-conflit

Lire l’article 
‘Les pays les plus vulnérables au changement climatique le sont également aux conflits (ONU)’

La gestion saine et efficace des secteurs liés à l’exploitation des terres et des ressources naturelles constitue également un facteur essentiel pour le rétablissement des économies des pays post-conflit.[vi] Elle soutient le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) de bien des manières.[v]

La terre et les ressources naturelles sont pour les opérations humanitaires des atouts décisifs permettant de fournir de la nourriture, de l’eau, des matériaux de construction et des énergies renouvelables. Elles soutiennent également les stratégies d’adaptation et la simple survie en l’absence de moyens de subsistance durables. En outre, la gestion des terres et des ressources naturelles offre des points d’entrée distincts pour générer des revenus au sortir d’un conflit et créer des emplois durables lors du processus de réinsertion et de relèvement.

Les retards dans la mise en place d’une gestion efficace des ressources naturelles après la fin d’un conflit peuvent permettre aux anciens membres et chefs des groupes armés de continuer à tirer profit de l’exploitation des ressources naturelles, et même conduire à la formation d’organisations criminelles organisées.[vi]
Profitant de cette situation, les groupes extrémistes exploitent ce sentiment de désespoir : l’organisation Etat Islamique, al-Shabaab et Boko Haram mettent en évidence les opportunités potentielles dans leurs campagnes de recrutement.[vii]

[i]BAD (2016) : From Fragility to Resilience. Managing Natural Resources in Fragile Situations in Africa, rapport sommaire, p. 10-11 avec d’autres références.
[ii] BAD et al (2012) : Perspectives économiques en Afrique 2012, p. 101, Encadré 6.1 avec d’autres références.
[iii] Groupe interagences des Nations Unies pour les actions préventives ( 2012) : Land and Conflict. Toolkit and guidance for preventing and managing land and natural resources conflict, p. 8.
[iv] USAID (2005) : Land and conflict. A toolkit for intervention, p. 6.
[v] PNUE/PNUD (2013) : Le rôle des ressources naturelles dans le désarmement, la démobilisation et la réintégration -Répondre aux risques et saisir les opportunités, p. 36.
[vi] PNUE/ PNUD (2013) : Le rôle des ressources naturelles dans le désarmement, la démobilisation et la réintégration -Répondre aux risques et saisir les opportunités, p. 24.
[vii] Rapport du Conseil de sécurité – S/PV.7272